Quel comportement humain précède les morsures faciales commises par les chiens ?


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La relation mutuelle souvent très bénéfique entre les humains et les chiens est parfois assombrie par des cas de morsures. L’étendue des blessures va des lacérations mineures aux blessures fatales (Horswell and Chahine, 2011). Les études épidémiologiques indiquent que les victimes les plus courantes des morsures de chien sont les enfants (Wright, 1991 ; Overall and Love, 2001 ; OzanneSmith et al, 2001), et la plupart des chiens sont familiers de la victime (Gershman et al, 1994 ; Brogan et al, 1995 ; Bernardo et al, 2002 ; Kaye et al, 2009). Les blessures les plus graves sont souvent celles atteignant le visage, qui peuvent avoir des conséquences esthétiques et fonctionnelles. L’incidence des morsures au visage est associée à l’âge des victimes : les enfants sont plus souvent mordus au visage, tandis que les adultes sont mordus aux membres (Morgan and Palmer, 2007).

De façon à proposer un programme de prévention efficace, il est indispensable de savoir quelles sont les interactions entre les humains et les chiens qui sont susceptibles d’entraîner des morsures (Mathews and Lattal, 1994 ; Mills and De Keuster, 2009). Alors que la littérature sur les morsures de chiens envers les humains est vaste, on trouve très peu voire aucune recherche sur le comportement à la fois des humains et des chiens durant ces accidents (Love and Overall, 2001 ; Reisner et al, 2007). De la même façon, on dispose que de peu d’éléments pour comprendre ce qui déclenche une morsure au visage (De Keuster and Overall, 2011).

Les objectifs de l’étude présentée consistent à déterminer quels pouvaient être les comportements humains précédant immédiatement l’attaque au visage alors que d’autres parties du corps ont été laissées indemnes, et de localiser l’emplacement de la morsure sur le visage. Les effets de l’âge de la victime, du genre et du sexe de l’animal sont également étudiés.

D’après les résultats, un humain se penchant sur un chien, plaçant sa tête près de la face du chien et des échanges de regards entre l’homme et le chien précèdent immédiatement une morsure de chien sur le visage dans, respectivement, 76%, 19% et 5% de tous les cas étudiés (n = 132). Les victimes n’ont pas marché sur le chien, ne lui ont pas tiré les poils ou les membres, ne sont pas tombés sur le chien, n’ont pas puni ni grondé le chien et n’étaient pas en train de lui tailler les griffes immédiatement avant que les incidents de morsures au visage ne se produisent. La proportion d’hommes et de femmes victimes était de 40% et 60%, respectivement. L’âge moyen (± erreur standard, SE) des victimes était de 15,4 ± 1,2 ans. Enfants et adultes ont été mordus dans 70% et 30% des cas, respectivement. 84% des enfants mordus avaient moins de 12 ans. Les enfants ont été mordus sur le visage en présence d’un parent dans 43% des cas et en présence du propriétaire du chien dans 62% des cas. Des personnes familières qui ne vivent pas de façon permanente avec le chien étaient mordues dans 40% des cas. Les membres du ménage étaient mordus par leur chien dans 39% des cas. Aucune des victimes n’était un propriétaire de chien adulte.

Chiens mâles et femelles ont provoqué 68% (n = 90) et 32% (n = 42) des morsures au visage, respectivement. Dans tous les cas, seuls les chiens adultes mordent au visage. L’âge moyen (± SE) des chiens était de 5,9 ± 0,2 ans. Petits chiens, chiens moyens et grands chiens mordaient au visage dans 33%, 19% et 48% des cas, respectivement. Les teckels et les bergers allemands mordaient le visage dans 15% et 11% des cas de cette étude, respectivement. Ces deux races sont également deux des plus courantes en Moravie (République tchèque). Aucune autre race n’était responsable de morsures au visage dans moins de 4% des cas. Les chiens mordeurs étaient en laisse ou en liberté dans 5% et 95% des cas, respectivement.

Les morsures au visage ont eu lieu dans la maison, la cour et le jardin où les chiens vivent dans 80% des cas. Les gens ont rapporté que les chiens manifestaient des comportements de menace avant la morsure dans 6% des cas.

Les victimes ont été mordues sur la zone centrale du visage (nez, lèvres) et superficie externe de la (le menton, les joues, le front, le contour des yeux) face dans 53% et 47% des cas, respectivement. L’âge de la victime et la taille et le sexe du chien n’ont pas d’incidence sur la localisation des blessures, qui affectaient le plus souvent les tissus mous des victimes.

Les victimes ont demandé un traitement médical dans 49% de tous les cas. Les gens qui ont été médicalement traitée avaient une piqûre, une lacération et une avulsion des tissus à 17%, 60% et 23% des cas, respectivement. Les gens qui n’étaient pas médicalement traités ont eu des contusions, des plaies perforantes ou des lacérations à 30%, 33% et 21% des cas, respectivement; les 16% restants des personnes qui ne sont pas médicalement traitées étaient indemnes.

Les personnes qui ont été mordues par des chiens de grande taille ont davantage recherché un traitement médical que les personnes qui avaient été mordus par les petites chiens (P <0.01).

Ce seraient donc ces comportements apparemment anodins (se pencher sur un chien, placer la tête près de sa face et échanger des regards avec lui) qui précéderaient immédiatement les morsures au visage, et pas les comportements plus « brutaux » ou douloureux pour l’animal (marcher sur le chien, tirer sur ses poils ou sa queue, punitions etc.) Par conséquent, afin de réduire tout risque de morsure, les auteurs conseillent de ne pas manifester ces comportements désormais identifiés sans méfiance. Par ailleurs, les enfants devraient être soigneusement et constamment surveillés lorsqu’ils sont en présence de chiens, et éviter les comportements évoqués plus haut.

 

Source :

  1. Rezac, K. Rezac, P. Slama, Human behavior preceding dog bites to the face, The Veterinary Journal 206 (2015) 284–288