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Le mythe du chien méchant

Le mythe du chien méchant

Les chiens n’ont pas de notion de méchanceté, de faire du mal aux autres, de ce qu’est le bien et le mal. Trop souvent, les gens vont interpréter ces comportements comme de la vengeance, de la dominance ou de la malice. Rien n’est plus faux !

Alors pourquoi un chien peut-il mordre ? Un chien devient agressif parce qu’il est stressé, qu’il a peur. En mordant, il tente de créer une distance entre lui et ce qu’il perçoit comme étant dangereux (note : ce texte n’aborde pas les morsures de prédation [poursuite, chasse] et les morsures causées par une excitation/jeu mal contrôlé).

Par exemple, un chien peut mordre pour protéger une ressource ; un chien qui grogne ou mord lorsque je m’approche de lui pendant qu’il ronge un os, le fait car, pour lui, cet os est EXTRÊMEMENT précieux et qu’il a peur que je le lui vole. Dans ce cas-ci, la ressource protégée est un os, mais ce pourrait être tout ce qui a une grande valeur aux yeux du chien : sa nourriture, un jouet, son coussin, ou même son maître.

 

Les étapes avant l’agression

La morsure est habituellement utilisée par le chien lorsque celui-ci n’a pas d’autres options, ou alors parce que tout ce qu’il a déjà tenté pour mettre fin à ce qui l’incommode n’a pas fonctionné.

 

Avant de mordre, le chien peut :

Tenter de communiquer son stress, d’exprimer qu’il n’est pas confortable avec la situation. Par exemple, il peut détourner la tête, se lécher les lèvres, montrer les dents, ou même grogner. Un chien qui grogne tente désespérément d’éviter la confrontation ! Il ne faut donc JAMAIS punir un grognement : cela envoie le message que grogner n’est pas une option efficace, et que prévenir avant de mordre est inutile.

Fuir : si le chien le peut, il va choisir de s’éloigner de ce qu’il considère comme menace. Malheureusement, le chien se retrouve trop souvent sans cette possibilité : soit parce qu’il est tenu en laisse, que l’espace est trop petit (par exemple, si on tente d’approcher un chien craintif qui s’est réfugié sous le lit ou dans sa cage), ou parce qu’on lui fait une contention (pour des soins d’hygiène ou des actes médicaux par exemple). Si le chien ne peut pas fuir ce qui l’inquiète, il peut donc décider de tenter de le repousser !

Figer : le chien va s’immobiliser pour se montrer le moins menaçant possible et ainsi éviter une confrontation, ou simplement pour attendre que ça passe. Vous verrez que ses muscles deviennent très tendus ! Malheureusement, ce comportement passe souvent inaperçu et peut être interpréter comme un chien qui « se laisse faire », mais il faut vraiment porter attention au langage corporel du chien : position basse, muscles tendus, oreilles couchées…

Avec les expériences qu’il va vivre, le chien va apprendre quelles options fonctionnent et lesquelles ne fonctionnent pas lorsqu’il perçoit un danger. Donc un chien qui a eu la possibilité de fuir les dangers ou qui a toujours été compris lorsqu’il communiquait son stress va avoir tendance à reproduire ces comportements. Alors qu’au contraire, un chien qui n’a pas eu d’autres choix que de mordre risque d’apprendre que c’est un comportement qui fonctionne pour stopper ou éloigner ce qui le dérange, et risque de mordre à nouveau.

 

Quelques facteurs qui peuvent favoriser l’apparition de comportement agressif

La génétique : il n’y a pas un gène responsable de l’agressivité, mais une multitude de gènes qui peuvent prédisposer un chien à être plus stressé, hyper actif, sensible, réactif, etc. Ces prédispositions vont s’exprimer ou non (et à divers degrés), en fonction de l’apprentissage, de l’environnement, des expériences vécues, etc.

Un environnement sans possibilité de fuite, peu stimulant et stressant.

Expérience en bas âges : le cerveau du chiot est énormément modulé durant ce qu’on appelle la période sensible (jusqu’à environ 16 semaines). Il apprend durant cette période à ne pas craindre ce qui l’entoure : les humains, les animaux, les sons, les manipulations, etc. Il apprend aussi comment communiquer poliment et à inhiber ses morsures. Un chiot séparé trop tôt de sa mère, qui vit dans un environnement peu stimulant, qui vit de mauvaises expériences, aura plus de chances d’être un chien adulte avec une forte réactivité émotionnelle, de moins bien gérer ses émotions, de craindre davantage de stimuli.

L’apprentissage : quand le chien apprend que mordre est une bonne option, comme dit précédemment.

Les punitions : les punitions augmentent le stress du chien et peuvent engendrer de nouvelles peurs.

La santé : un chien qui est malade, qui est souffrant ou handicapé, se sent plus vulnérable et est moins patient.

Une mauvaise expérience : par exemple, un chien qui s’est souvent fait tirer les oreilles par un enfant peut développer une crainte envers les enfants et être plus réactif à leur égard.

D’autres facteurs de stress et qui peuvent augmenter les risques d’agressivité : plusieurs changements de famille (surtout en bas âge), séjour prolongé en refuge (surtout en bas âge), les hormones, un manque d’exercice physique et de stimulation mentales, de la frustration, de la confusion (ne pas savoir quoi faire, ne pas être sûr de ce que le maître attend de lui).

Les causes sont donc très nombreuses, et il peut être difficile de déterminer lesquelles sont responsables quand on a affaire à un chien qui a mordu.

La génétique ne peut se dissocier à l’apprentissage (l’expérience, l’environnement) et vice-versa. Un chien ne peut produire un comportement que s’il y est génétiquement prédisposé à le faire, et la génétique ne peut s’exprimer que si elle a les éléments pour le faire. La génétique n’est donc qu’un chiffre dans l’équation, et ne peut pas se généraliser pour une race de chien au complet. Bien souvent, le maître n’est pas responsable de la génétique du chien, et n’a pas de contrôle sur les premières semaines de vie du chiot. Parfois, il est aussi mal renseigné en ce qui concerne l’éducation du chien.

 

Cependant, le maître se doit de :

De plus, on ne devrait jamais déranger inutilement un chien qui mange, dort, ronge un os ou qui se cache. On devrait toujours demander la permission au maître avant de flatter son chien, et demander aux autres propriétaires la permission de mettre nos chiens en contact.

 

Stigmatiser une race ou un type de chien est tout à fait malhabile et dangereux

Les études permettent aujourd’hui de démentir plusieurs mythes entourant les chiens de type Pit Bull (ces données provenant du continent nord américain, le Pit Bull y est référencé, pour nous, il faudrait parler d’American Staffordshire):

Affirmer (faussement) que certaines races sont plus agressives accroît le nombre de ces chiens qui se retrouvent adoptés par des gens irresponsables, qui veulent un chien dit « dangereux » pour l’apparence ou pour avoir un sentiment de contrôle.

De plus, ces affirmations peuvent créer un faux sentiment de sécurité face à certaines races dites « douces » ou considérées comme des « toutous de famille ». TOUS les chiens, sans exception, peuvent mordre : ils ont tous une mâchoire avec des dents et ont tous ce comportement dans leur répertoire comportemental. Les précautions pour éviter les morsures doivent s’appliquer à TOUTES les races de chiens !

 

Quelles sont les solutions face à la problématique des morsures de chiens ?