Les animaux vivent-ils uniquement dans le moment présent ? Sont-ils aptes à avoir conscience du passé autant que du futur ? Sont-ils conscients du temps qui s’écoule ? Bien des gens disent que les chiens n’ont pas de mémoire à long terme, et qu’ils n’ont pas conscience du temps qui passe. Cela n’est pas vrai !
Aristote disait : « Les animaux peuvent apprendre, mais ne peuvent se souvenir comme l’homme le peut. »
Selon de récentes études à propos de la mémoire chez les animaux, mammifères, oiseaux et même certains invertébrés pourraient effectuer des voyages cognitifs dans le passé et dans le futur. De plus, d’autres études prouveraient que les animaux ont conscience du temps qui passe, et qu’ils peuvent faire la différence entre 15 minutes ou bien une heure.
Pour plusieurs raisons, évidemment toutes basées sur la survie, les animaux ont conscience du temps. Leur conception des secondes qui s’écoulent n’est certainement pas la même que la nôtre, humain. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous possédions la meilleure !
Soins des petits
Les femelles qui s’éloignent de leur nid (ou tanière) pour aller s’abreuver et chercher de la nourriture doivent avoir une certaine conception du temps afin de retourner auprès de leur portée pour en prendre soin et la surveiller. Après un certain temps sans protection de leur mère, les petits deviennent de plus en plus en danger. Il est donc important que la mère qui s’éloigne de ses petits se souvienne depuis combien de temps elle est partie !
Cacher et trouver de la nourriture
Les animaux conçoivent le temps qui s’écoule entre le moment où ils ont trouvé et mangé de la nourriture et le moment précis où cette ressource devrait être à nouveau disponible. Cette faculté est fort utile, car elle permet à ces individus de ne pas perdre de temps, de ne pas perdre de précieuses calories et peut-être de s’occuper d’une autre tâche entre temps.
Par exemple, des chercheurs ont effectué une batterie de tests sur des rats à avec lesquels ils ont testé leur comportement par rapport à des ratios de réception de récompenses basées sur des temps fixes. Les rongeurs auraient été plus motivés lorsque le temps entre chaque récompense était de 8 secondes, plutôt que de 40 secondes dans un test effectué un peu plus tôt.
En éducation canine, nous devons augmenter petit à petit la durée des commandes demandés (par exemple, pour un « coucher » et « pas bouger ») car nous augmentons la difficulté de ce que nous demandons à l’animal, et il en est conscient.
La martre à tête grise serait apte à « voyager dans le futur » en concevant que les fruits qu’elle cache seront mûrs (donc meilleurs) plus tard. Exactement comme nous, qui laissons mûrir les bananes sur le comptoir !
Aussi, des tests ont été effectués sur des oiseaux qui cachent leur nourriture. Après un certain temps, les oiseaux n’iraient plus vider les caches remplies de nourriture périssable et se dirigeraient automatiquement vers celles contenant des arachides et des graines.
Certains chiens se donnent un mal de fou pour cacher os et nourriture. Cela est dicté par leur instinct « d’animal sauvage » afin de garder des ressources disponibles pour plus tard. En bref, cela reflète que l’animal à une conception du futur.
Fuite face aux prédateurs
Les animaux auraient conscience du temps et cette conscience les aiderait à survivre lors de moments critiques. Par exemple, une antilope qui fuit un guépard sait que « son temps est compté » si elle ne s’échappe pas assez vite.
Délais et contingence
Les animaux doivent avoir conscience du temps qui s’écoule afin de pouvoir créer des liens entre les stimuli et les conséquences ainsi qu’entre les comportements qu’ils produisent et leurs conséquences sur leur environnement.
Par exemple, lorsque nous entraînons des animaux, il vaut mieux leur offrir le plus rapidement possible la conséquence appropriée afin qu’ils puissent lier le comportement produit au résultat apporté.
En éducation canine, nous entraînons justement les chiens à l’aide d’un marqueur (mot ou utilisation du Clicker) afin que l’animal puisse exactement savoir pour quel comportement il est récompensé.
À l’état naturel, cette faculté de lier de façon temporelle comportements et conséquences permet à l’animal d’apprendre, de profiter de privilèges ou… d’éviter de mourir !
La génétique derrière tout cela
La conception du temps qui s’écoule est en partie définie par la présence de gènes prévus à cet effet. Par exemple, le gène « Per » (période) joue un rôle critique dans la maintenance des rythmes circadiens. Des mutations dans ce gène ont plusieurs effets : raccourcir, allonger ou abolir complètement les rythmes circadiens.
Chez la souris domestique, c’est le gène « clock » qui rythme parfaitement la biologie de l’animal naturellement à 23.7 heures ! Merveilleux, n’est-ce pas ?
Votre animal de compagnie, plus intelligent que vous ne le croyez !
Les recherches effectuées sur des animaux quant à leur conception du temps recensent essentiellement des cas reliés à des expérimentations avec de la nourriture : cela est bien plus facile à manipuler et à calculer.
Autrement, nous pouvons prendre en exemple certaines études qui ont démontré que les chiens avaient conscience du temps qui s’écoule. Les chercheurs ont découvert que les animaux testés préféraient passer plus de temps dans les cages où ils n’étaient enfermés que 15 minutes à chaque jour, plutôt que celles où ils y passaient une heure.
De plus, les chiens laissés seuls trente minutes, deux heures ou 6 heures de temps n’auraient pas la même réaction lors du retour de leur propriétaire. En effet, les chiens laissés seuls plus longtemps auraient une activité motrice et un rythme cardiaque plus élevés.
C’est donc un mythe de croire que votre chien ne fait pas la différence entre une absence de quinze minutes ou de six heures de votre part !
Sources :
Les voyages mentaux dans le temps chez l’animal
Modeling time perception in rats: Evidence for catastrophic interference in animal learning
Time is in the eye of the beholder : Time perception in animals depends on their pace of life