Pour ceux qui me suivent, vous connaissez mon avis sur ce concept de « Dominance », j’ai d’ailleurs déjà eu l’occasion d’écrire dessus, notamment sur ce site. Aujourd’hui, je vais vous présenter une étude, menée en 2009 par l’Université de Bristol au Royaume-Uni qui explique pourquoi les méthodes issues de ce concept ne règlent PAS les troubles présentés.
Dans les faits, cette étude nous dit qu’utiliser des croyances erronées pour éduquer nos chiens ne va pas résoudre les problèmes présentés mais va plutôt en créer d’autres (ou aggraver ceux qui sont présents). Cette étude (et de nombreuses autres publiées depuis quelques années) réfute les interprétations liées à la dominance et contredit ce que vont nous « apprendre » certains éducateurs et comportementalistes, notamment à travers certaines émissions TV (je pense que vous comprenez tous de qui je veux parler ici).
Comment l’étude a-t-elle été menée ?
Contrairement à la croyance populaire, les chiens agressifs ne cherchent PAS à affirmer leur dominance sur leur « meute » canine ou humaine. Les chercheurs ont passé 6 mois à étudier les interactions naturelles entre les chiens d’un centre d’accueil et ont analysé de nouveau les données existantes sur les chiens féraux avant de conclure que les relations entre les chiens étaient des comportements appris à travers leurs différentes expériences et interactions plutôt que par le désir de dominer les individus avec lesquels ils interagissent.
L’étude montre que les chiens ne sont pas motivés par le fait de maintenir leur place de « dominant » dans la « meute » contrairement à ce qui est, malheureusement, encore trop souvent enseigné ou affirmé. Les chercheurs avancent même qu’utiliser des méthodes éducatives basées sur ce concept sont, au mieux, sans intérêt et, dans de très nombreux cas, vont même aggraver la situation en amenant l’animal à réagir (ou à ne pouvoir que réagir) par des comportements agressifs.
Que tirer de cette étude (et des autres)
Demander aux propriétaires de manger avant leurs chiens ou de passer la porte avant eux ne va pas influencer la perception générale du chien sur notre relation avec lui, au mieux on leur apprend juste à s’adapter à ces situations-là. Pire, les méthodes demandant de plaquer le chien au sol (pour lui montrer « qui est le chef »), l’attraper au cou ou encore le brutaliser physiquement ne vont que rendre le chien anxieux, souvent vis-à-vis de leurs propriétaires, et pourra également amener le chien à réagir par l’agression.
Le Dr. Rachel Casey, Professeur-Chercheur à l’Université de Bristol sur l’étude des comportements des animaux de compagnie, nous dit que « Cette hypothèse, qui dit que chaque chien est motivé par l’unique volonté de contrôler les personnes et les autres chiens, est franchement ridicule. Cela sous-estime très largement la complexité des comportements et des apprentissages des chiens. Cela mène également à utiliser des méthodes coercitives, compromettantes pour le bien-être des chiens, et pouvant créer, dans les faits, des troubles comportementaux ».
Elle poursuit « Dans notre clinique nous rencontrons très souvent des chiens qui réagissent agressivement pour éviter une punition physique. Les propriétaires sont souvent horrifiés lorsque nous leur expliquons que leur chien a peur d’eux et présente ces comportements agressifs à cause des techniques qu’ils ont utilisées. Cependant, ce n’est pas leur faute lorsqu’on leur a conseillé d’utiliser ces techniques ou qu’ils ont observé des comportementalistes recommander ces techniques, notamment à la télévision ».
Au refuge « Dogs Trust » (le plus grand refuge du Royaume-Uni), les membres du personnel voient les résultats de ces méthodes malavisées tout le temps. Chris Laurence, Dr. Vétérinaire, ajoute que « Nous pouvons dire, lorsqu’un chien arrive chez nous, s’il a été le sujet de méthodes liées à la dominance, tellement appréciées par les éducateurs disposants d’émissions télévisées. Ils sont très craintifs et cela peut mener à des agressions envers les personnes ».
Il poursuit « Malheureusement, de nombreuses techniques utilisées pour apprendre au chien que son propriétaire est son chef de meute est contre-productif ; vous n’obtiendrez pas d’amélioration des troubles comportementaux, mais vous pourrez obtenir un chien tellement craintif qu’il aura supprimé tous ses comportements naturels et ne fera, simplement, plus rien (Note RG Comportement : cela est également appelé le Flooding, couramment utilisé par Cesar Millan dans ses émissions) ou deviendra tellement agressif qu’il en sera dangereux ».
Fuyez ces pseudos professionnels
Si vous-même vous avez des troubles du comportements avec votre chien et que vous suivez des cours avec des « professionnels » mettant en avant ce type de techniques, je vous invite fortement à en changer. Vous n’obtiendrez rien de bon à continuer cela.
Dans mon exercice, je travaille souvent avec des chiens qui ont subi ce type d’éducation, toujours conseillée par de pseudos comportementalistes. Je ne peux que confirmer les observations de cette étude (et de nombreuses autres) et les évolutions, souvent dramatiques, des troubles présentés par l’animal.
Cela a également un impact particulièrement négatif vis-à-vis de notre profession, et il est malheureux qu’ils soient, encore, une majorité à pratiquer et à conseiller ces techniques.
Référence :
John W.S., Bradshaw , Emily J., Blackwell , Rachel A., Casey. Dominance in domestic dogs — useful construct or bad habit? Journal of Veterinary Behavior: Clinical Applications and Research, May/June 2009, Pages 135-144