Début avril 2016 une nouvelle étude du Dr Stanley Coren nous apprenait que les chiens n’aimaient pas, dans une grande majorité, les câlins. Cette étude a amené un grand débat dans la communauté d’expert internationaux et montre, encore une fois, qu’il faut être attentif à la manière dont certaines études sont menées.
Que dit l’étude ?
Dans cette étude, Stanley Coren, expert canin et professeur de psychologie à l’Université de Columbia, a examiné 250 chiens se faisant câliner par des adultes et des enfants et il a analysé les signaux de stress présentés.
Coren a trouvé que près de 81% des chiens qui étaient câlinés présentaient des signes d’inconfort suggérant qu’ils souhaitaient que leurs propriétaires arrêtent l’interaction. 7.6% seulement aimeraient être câlinés par des contacts francs.
Coren explique cela majoritairement parce que les chiens « ne sont pas des enfants humains » (en effet…) et parce que « leur première défense, c’est la fuite ». Il recommande de ne pas imposer de contacts trop francs aux chiens et de les remplacer par des mots doux ou par une friandise.
Cela irait en corrélation d’une autre étude suggérant que les contacts à certains endroits (comme le dessus de la tête, le cou ou les côtés du chien) amèneraient une hausse du taux de cortisol chez les chiens (le cortisol est produit en plus grande quantité lors des phases de peur, crainte ou anxiété).
Cependant, cette étude liée au cortisol ne nous dit absolument pas quelle est la méthode d’éducation des chiens. Est-elle positive ou coercitive ? On ne le sait pas, et cela est bien dommageable puisqu’une éducation coercitive amène également une hausse du taux de cortisol et on peut tout à fait comprendre qu’un chien qui se fait taper dessus n’apprécie pas ou craint l’approche d’une main humaine.
Il faut toujours garder l’esprit critique !
On peut déjà sortir un premier biais dans cette étude. En effet, Coren attribue tous les signaux de gêne au simple fait d’être touché par leurs propriétaires. Or, il y a également une seconde personne, inconnue du chien, qui se place près d’eux pour les prendre en photo. Nous savons qu’un certain nombre d’animaux sont mal à l’aise face à un objectif d’appareil photo (la raison exacte reste cependant à déterminer).
Coren ne prend pas cela en compte dans son étude, ce qui est pourtant un élément perturbateur important dans l’objectif de relever des données objectives. De plus, nous avons tous, et cela est corroboré par de nombreux experts, moi-même y compris, vu des chiens aimer tout particulièrement les contacts avec leurs propriétaires et ne présenter absolument aucuns signaux de gêne, et dans des proportions plus élevées que les 7.6% relevés par cette étude.
Un autre élément qui n’est pas pris en compte et que l’on connait depuis quelque temps, c’est qu’une relation de bonne qualité entre le propriétaire et le chien permet la libération d’ocytocine, élément apaisant pour l’homme comme pour le chien dans cette situation.
Le point ou je suis parfaitement d’accord avec Coren c’est que tous les chiens n’aiment pas les câlins. Certains détestent littéralement cela alors que d’autres ont appris à se « laisser faire » mais n’apprécie pas forcément le moment. Il est d’ailleurs important de respecter ces chiens là et ne pas leur imposer une situation gênante pour eux, pouvant également mener à des morsures (dans l’objectif de vous éloigner et non pas de vous attaquer).
On peut également voir, notamment à travers des techniques comme le Tellington T-Touch, que tous les contacts, y compris ceux qui sont entravant pour le chien, ne sont pas négatifs ni créateurs de stress et peuvent, au contraire, être particulièrement relaxants pour l’animal.
Tout n’est pas négatif dans cette étude et il y a une part de vrai dans ce que nous dit Coren. Cependant, cette étude est le parfait exemple qu’il ne faut pas toujours suivre aveuglément ce que nous disent les chercheurs et scientifiques et qu’il faut garder un esprit critique, notamment quant aux biais qui peuvent exister dans telle ou telle étude, et ne pas tirer trop vite de conclusion affirmative comme le fait Coren.
Un autre élément qu’il faut prendre en compte est la méthode d’éducation des chiens. Il est parfaitement possible de faire aimer les câlins à son chien, de la même manière qu’il est possible d’apprendre à son chien à se laisser toucher partout sans crainte et/ou mauvaise réaction. Seule les méthodes d’éducation strictement positives permettent d’arriver à cette situation-là. Les méthodes coercitives n’apportent que crainte et anxiété au chien qui ne comprendra pas l’ambiguïté des gestes du propriétaire.
Continuez vos câlins !
Gardez l’esprit ouvert et critique. Et continuez de câliner vos chiens si vous pensez qu’ils aiment ça et qu’ils ne présentent pas de signaux de gêne. Les chiens ne sont pas des humains, c’est un fait, mais ils sont aussi habitués à vivre avec nous et s’adaptent également à notre mode de vie, dont les câlins font partie. Même si le fait « d’aimer » les câlins est un comportement appris pour certains chiens, cela ne veut pas forcément dire que l’action est désagréable. Cela veut simplement dire qu’ils ont appris à « aimer » les contacts qui sont, ne l’oublions pas, également une interaction entre le propriétaire et l’animal. Et c’est bien souvent l’objectif de nos animaux de compagnie : obtenir une interaction avec nous.
Pour ma part, je trouve les conseils de Coren, à savoir ne plus câliner son chien mais simplement lui parler et lui donner une friandise, potentiellement dangereux, notamment pour les Vétérinaires. Le câlin est bien généralement la première chose qui apprend au chien à se laisser toucher et cela est nécessaire pour effectuer des visites médicales ainsi que pour la sécurité des Vétérinaires, qui se trouvent parfois dans des situations très risquées notamment parce que nous n’avons pas assez habitué nos chiens aux contacts en toute sorte.
Renforcez positivement vos interactions avec vos chiens et ceux-ci seront les plus heureux et vous offriront spontanément de nombreux contacts physiques. Est-ce que le chien à la notion de câlin tel que nous l’imaginons ? Je ne pense pas, et la science est très discrète sur le sujet. Cependant, ce n’est pas parce qu’ils perçoivent cette interaction différemment de nous que celle-ci est forcément négative.
Un conseil : si vous voulez être sur que votre animal apprécie le contact que vous avez avec lui, cessez d’interagir avec lui et attendez sa réaction. Si ce dernier se rapproche de vous pour continuer l’interaction, c’est qu’il l’appréciait et il souhaite poursuivre le contact. S’il s’en va, vous pouvez estimer que ce n’était pas si intéressant que ça pour lui.