Pourquoi les Labradors sont-ils plus intéressés par la nourriture


Pourquoi les Labradors sont-ils plus intéressés par la nourriture

Les propriétaires de Labradors disent souvent à leurs Vétérinaires que leur chien est toujours intéressé par la nourriture. Une nouvelle étude montre que cela pourrait être dû à une réalité biologique. Une nouvelle étude a été publiée le 3 mai 2016 dans la revue Cell Metabolism révèle qu’un gène spécifique, très présent chez le Labrador, pourrait avoir un lien direct avec cet obésité. Cette variation génétique pourrait également expliquer, en partie, pourquoi les Labradors sont très souvent choisis comme chien d’assistances notamment parce qu’ils seraient plus simples à éduquer avec la nourriture.

 

Le gène de l’obésité ?

Les Labradors sont plus intéressés par la nourriture et tendent à être plus obèses que les autres races, quel que soit leur mode d’alimentation et le suivi effectué par les propriétaires. Eleanor Raffan, chirurgien vétérinaire et généticienne à l’Université de Cambridge, qui a également étudié l’obésité chez les humains, nous dit que « Lorsqu’il existe un élément plus rependu chez une race par rapport à une autre, on pense que la génétique est impliquée ».

L’étude démarre avec 15 Labradors obèses et 18 Labradors maigres. Raffan et ses collègues ont sélectionnés trois gènes liés à l’obésité à étudier. Ces gènes sont connus pour être liés à l’obésité humaine. Cette première analyse s’est principalement portée sur le gène appelé POMC (la pro-opiomélanocortine).

Chez l’humain, les variantes communes du POMC ont été associées avec des différences de poids. Stephen O’Rahilly, co-directeur du « Wellcome Trust-Medical Research Council Institute of Metabolic Science » nous dit « Il existe même de rares cas de personnes obèses à qui il manque la même partie du gène POMC que chez les chiens ».

Ils ont ensuite comparé les cas de 310 Labradors. Les chercheurs ont remarqué que la suppression du gène POMC était associée à de nombreux comportements canins. Tous les Labradors avec la variation génétique n’étaient pas obèses (et certains étaient obèses sans présenter cette mutation génétique), mais en général, l’absence de ce gène était associée avec un poids plus important et, selon un sondage mis en place par les chercheurs, les chiens présentant cette mutation étaient plus demandeur de nourriture que les autres Labradors. En moyenne, l’absence du gène POMC était associée avec une prise de poids de 2 kg.

Raffan nous dit « nous avons trouvé des éléments biologiques liés au comportement d’obsession pour la nourriture chez près d’un quart des Labradors ». Elle poursuit « il existe pleins de chiens motivés par la nourriture qui n’ont pas cette mutation mais il y a tout de même un effet marquant chez ceux qui présentent cette mutation ».

 

Des résultats prometteurs

Les chercheurs ont trouvé que l’absence du gène POMC concernait près de 23% des Labradors inclus à l’étude, basée sur 411 chiens provenant de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis. Sue les 28 races testés, l’absence de ce gène était également présente sur une autre race de « retriever » (le Golden retriever) et que leurs poids et comportements étaient également affectés.

L’absence du gène POMC était également notablement plus marquée chez les 81 Labradors d’assistance inclus à l’étude (près de 76%). Raffan nous dit que « nous n’avions aucune raison de penser que les chiens d’assistance seraient plus particulièrement concernés ». Elle poursuit en disant que « Cela était surprenant. Il est possible que ces chiens soient plus réceptifs à la nourriture et ainsi qu’ils aient été plus sélectionnés comme chiens d’assistance ainsi que dans leurs groupes de reproduction ».

Raffan prévient néanmoins que ces résultats pourraient simplement s’avérer être une « bizarrerie » dans les données « Nous n’avons pas encore étudié les chiots pour voir s’ils étaient plus souvent sélectionnés comme chiens d’assistance lorsqu’ils présentent cette mutation ».

Le comportement de ces chiens est également différent s’ils présentent cette mutation génétique. Raffan ajoute que « Vous pouvez faire en sorte que votre chien reste mince, y compris avec cette mutation, mais vous devez être plus rigoureux sur le contrôle de la nourriture et vous devez être plus résistants quant aux demandes de vos chiens ».

Ces recherches peuvent également s’avérer utiles pour trouver des traitements liés à l’obésité humaine, ce que ne permettaient pas les études précédentes sur ces mutations effectuées sur les souris et les rats (le gène est très différent chez ces derniers que chez l’humain).

 

Référence :

Raffan et al. A deletion in the canine POMC gene is associated with weight and appetite in obesity prone Labrador retriever dogs. Cell Metabolism, 2016

DOI: 10.1016/j.cmet.2016.04.012